N°2 - Gérard de Nerval - L'Art du Trait - La Sainte-Baume - Rennes le Château
 
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 Sceau N° 2
ANNÉE 1999
SOLSTICE D'ÉTÉ

L'ART DU TRAIT

épure architecturale

     Lorsqu'on commente l'architecture médiévale, on parle parfois de "l'art du trait", en le situant principalement à l'époque de l'art gothique.  Pour tailler les matériaux afin de les intégrer dans un ensemble, il faut un tracé rigoureux faisant ressortir leur coupe selon des volumes dans l'espace, tant pour les pierres que pour la charpente.  Cette science du dessin est nommée "stéréotomie", et dans le Compagnonnage "Art du trait".  Dans le "carnet" de l'Art de la Géométrie, Villard de Honnecourt, maÓtre d'œuvre picard du début du XIIIème siècle (mort en 1260), a consigné les tracés de quelques églises -- notamment Reims et Lausanne -- et il revendique la construction du chœur de la cathédrale de Cambrais (1227), du chevet de la cathédrale de Meaux (1257) et de la collégiale de Saint-Quentin.
     Il écrit dans son célèbre album : Ç Ici commence la méthode du trait pour dessiner les figures ainsi que l'art de géométrie l'enseigne, pour facilement travailler... È. Ce document de 66 planches, écrit en dialecte picard, est conservé à la Bibliothèque Nationale.  Ainsi, les tracés régulateurs des églises reposent sur des formes géométriques simples qui sont à l'image et aux proportions des corps et des figures humaines ; ces "divines proportions" mettent en évidence l'emploi des nombres irrationnels, du nombre d'or (1,618), la quadrature géométrique du cercle.  Ces tracés agissent comme dans le cas d'un mandala, élément initiatique qui mène à la plus intense réflexion.
     Philibert Delorme (1515-1570) parle de cet art ancien.  Désargues, en 1643, nomme cette "géométrie projective" la "pratique du trait à preuves", avant que Monge (1748-1818) divulgue cette connaissance des Compagnons du Tour de France dans son traité publié en 1799 (an VII).
    Le trait est effectivement analogue au procédé de géométrie descriptive, une méthode sans calcul et résolvant cependant tous les problèmes de la technique à partir de deux instruments simples : la règle et le compas.  La Pendule à Salomon est l'un des graphismes mnémotechniques de ces épures ; Raoul Vergez en a tiré un roman et un film.  Le musée de Romanèche-Thorins conserve de remarquables tracés de l'école de Pierre-François Guillon qui a formé de nombreux disciples entre 1871 et 1923.
     Certains commentateurs attribuent aux Templiers ou à Bernard de Clairvaux l'invention de ce tracé qui, en réalité, a une origine beaucoup plus ancienne, et purement opérative.  La Bible insiste sur le fait que lors de la construction du Temple de Salomon, il n'y avait Ç nul bruit de marteau, ni de hache, ni d'aucun instrument de fer È car les pierres Ç étaient taillées avant d'être apportées È (I Rois;V, 8) : ce qui laisse supposer que pour réaliser la taille correcte des pierres, il fallait savoir faire des tracés précis de ces coupes.  L'architecte romain Vitruve, contemporain de Jésus, évoque dans son magistral Traité d'Architecture un procédé qui paraÓt bien semblable ; ces tracés ont permis la construction de monuments bien avant l'époque carolingienne, et à défaut d'un texte écrit, nous devrions étudier nos monuments anciens -- comme Saint-Laurent à Grenoble -- pour nous rendre compte... (ARTICLE COMPLET SUR ABONNEMENT).

Jean-Pierre BAYARD

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Sceau de Salomon et croix du Temple
Rotonde de l'église
Sainte Marie du Temple
à Paris (XIIème siècle)
Le moine, l'architecte et le chevalier

Ç Un point dans un cercle, et qui se place dans le carré et le triangle, connais-tu le point ?  Tout est pour le mieux. Ne le connais-tu pas ?  Tout est vain. È
(Précepte hermétique)